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samedi 22 novembre 2008, à 16:00, par Ali Benmakhlouf
Sorbonne, amphi Michelet (46 rue St Jacques).
Dans le sillage des travaux de Frege, de nombreux philosophes ont défendu la thèse selon laquelle la pensée avait sa grammaire propre. Mais le noyau de la pensée que mobilise la démonstration mathématique s'accompagne chez le logicien d'Iéna d'une " écorce psychologique ", d'une couleur, considérée comme inessentielle pour déduire. La conversation se nourrit de cette couleur et peut interférer dans la logique des déductions. Elle est l'élément qui fait sortir le logicien de son solipsisme.
La thèse d'un organon long défendue par les philosophes arabes du Moyen âge, notamment Al Fârâbî et Averroès, thèse qui joint aux opérations logiques classiques que sont la conception, le jugement, le raisonnement et la définition celles de la persuasion rhétorique et de l'image poétique est un exemple de cette interférence. Dans ce contexte, comment la pensée prend-elle sa couleur de son adresse ?
Les philosophies ludiques comme celle de Lewis Caroll et de A.N. Whitehead seront le deuxième exemple pris de cette interférence entre la conversation et la démonstration. Comment le contexte d'une expérience élargie contribue-t-il à la grammaire de la pensée?
Enfin, la traduction comme prélude au sens des pensées remet en cause l'idée de significations préconstituées. Si le logicien sort du solipsisme par la conversation, son scepticisme est-il tempéré par sa connaissance de plusieurs langues, parmi lesquelles celle de la science ?
Ali Benmakhlouf est professeur à l'Université de Nice Sophia Antipolis