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Image (de la) critique (par Georges Didi-Huberman)

Georges Didi-Huberman

Conférence du 19 mars 2016 par Georges Didi-Huberman

Qu’il faille critiquer les images, cela va de soi pour toute une tradition philosophique qui entend, depuis Platon, séparer le bon grain de l’ivraie : la vérité de l’illusion, la réalité de l’apparence, etc. C’est aussi ce qu’un philosophe tel que Theodor W. Adorno n’aura pas manqué de revendiquer en reprenant à son compte la notion de critique héritée des Lumières et en l’appliquant, notamment, aux productions culturelles dont les images font généralement partie. Un tel héritage critique nous est évidemment précieux, à condition toutefois de ne pas confondre la critique avec l’anathème, qui est volonté d’ignorance. À condition, surtout, de comprendre que l’opération critique elle-même — séparer le bon grain de l’ivraie — ne va pas de soi et ne discrimine pas toujours de façon aussi « claire et distincte » qu’on le voudrait. On ira ici jusqu’à proposer l’hypothèse que les images elles-mêmes, en certains cas, sont riches de possibilités critiques, et peuvent même se constituer en gestes critiques bien au-delà de la partition canonique entre illusion et vérité.

Georges Didi-Huberman, philosophe et historien de l’art, enseigne à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris). Il a publié une cinquantaine d’ouvrages sur l’histoire et la théorie des images. Voir la page sur le site de l’EHESS.

Conférence publiée, Bulletin 2016 110 2