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39e Congrès ASPLF : Le Mouvement

Le 39e congrès de l’association des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF), organisé sous la responsabilité de la Société romande de philosophie (groupe neuchâtelois), aura lieu du 22 au 26 août 2023 à Neuchâtel (Suisse).

Plus d’informations ici.

Dans le cadre donné par les statuts de l’ASPLF, le comité d’organisation lance un appel à communication de manière à constituer, du 22 au 26 août 2023, un congrès riche, varié et intéressant. Le secrétariat du congrès attend de la part des congressistes le formulaire de préinscription et, le cas échéant, le résumé de la communication correspondante jusqu’au 30 avril 2023.

Préinscription et soumission d’un résumé

Toute personne intéressée est priée de déclarer, jusqu’au 31 mai 2023, son intention de participer au congrès et de soumettre un résumé en vue de la présentation d’une communication, de 25 à 30 lignes (1500-1800 signes), bibliographie comprise.

Formulaire de préinscription

https://framaforms.org/preinscription-au-congres-asplf-de-neuchatel-22-26-aout-2023-1663584812

Examen anonymisé du résumé et réponse

Le résumé de 25 à 30 lignes (1500-1800 signes), bibliographie comprise, est examiné sous forme anonymisée par le comité de rédaction et fait l’objet d’une réponse dans un délai de 30 jours à compter du jour de sa réception.

Le résumé anonyme sera identifié par un code de 4 lettres arbitrairement choisi.

Les sujets de communication doivent s’inscrire dans le thème général du congrès et trouver une place, autant que faire se peut, dans les sections proposées. Le comité de rédaction se réserve le droit de refuser un sujet qui se situerait hors du thème du congrès.

Sections

  • Ontologie – métaphysique
  • Philosophie de la connaissance, épistémologie
  • Philosophie des sciences – logique – mathématique –  physique – biologie
  • Philosophie morale –  éthique
  • Philosophie politique – philosophie de la sociologie – migrations
  • Philosophie environnementale – climatologie
  • Philosophie de l’économie – finance – mondialisation
  • Philosophie de l’histoire – philosophie de la culture
  • Esthétique et philosophie de l’art
  • Arts et mouvement  :  musique – sculpture – cinéma
  • Philosophie de la religion
  • Histoire de la philosophie  : Antiquité – Moyen Âge – philosophie moderne

Communication au congrès

Une fois le résumé accepté, tout·e congressiste ayant réglé ses droits d’inscription, a la possibilité de présenter la communication prévue qui est mise au programme du congrès (plage de 30 minutes). La durée de la communication est fixée à 20 minutes pour permettre dix minutes de discussion avec le public.

La cadence des 30 minutes sera mise en œuvre pendant tout le congrès.

La possibilité de la participation au congrès par visioconférence sera assurée dans le cadre du programme des sections du congrès.

Attestation de communication et de participation

Le secrétariat du congrès préparera une attestation d’acceptation de la communication au programme du congrès. Ce document permettra de déclencher les demandes de soutien à participation des congressistes auprès de leurs autorités de financement.

Lors du congrès, le secrétariat mettra à disposition une attestation de participation pour les congressistes qui en feront la demande.

Cahier des résumés

Les résumés acceptés seront collectés dans un cahier qui sera disponible en ligne un mois avant le début du congrès. Le cahier des résumés sera imprimé, avec le programme définitif des communications, au moment du congrès.

Frais d’inscription au congrès et frais des actes du congrès

Congrès

  • Plein tarif : CHF60
  •  Tarif réduit : CHF20

Actes du congrès

  • Plein tarif : CHF38
  • Tarif réduit : CHF28

Congrès + Actes

  • Plein tarif : CHF98
  • Tarif réduit : CHF48

Le tarif réduit s’applique aux étudiants, doctorants, retraités et aux personnes introduisant une demande justifiée auprès des organisateurs.

Indications bancaires

Le règlement des frais d’inscription se fera par virement bancaire sur le compte suivant :

Groupe neuchâtelois de la Société romande de philosophie
Adresse : 87A rue de la Côte, CH-2000 Neuchâtel
IBAN : CH57 0900 0000 1593 0222 0
Établissement bancaire : PostFinance SA, 20 rue Minger, CH-3030 Berne.
BIC : POFICHBEXXX

Actes du congrès

Les communications du congrès, les tables rondes et les conférences plénières feront l’objet d’une publication, d’abord sur papier, puis – après un délai de deux ans – en libre accès. Le comité d’organisation prévoit la publication pour la fin avril 2024. La possibilité de publier une communication dans les actes du congrès est réservée aux personnes ayant souscrit aux actes du congrès. Le délai de remise du manuscrit est fixé au 30 novembre 2023. Les frais d’envoi postal du volume imprimé des actes sont inclus dans les montants indiqués ci-dessus. La souscription à la publication donne droit aussi à un tiré à part électronique (format PDF) de la communication publiée.

Édition des actes

Les communications présentées seront publiées, après un processus d’acceptation et de révision diligenté par le comité de rédaction, comme un «Cahier» séparé  de la Revue de théologie et de philosophie (Genève, Lausanne, Neuchâtel) : www.rthph.ch

La Revue de théologie et de philosophie est publiée dans le cadre éditorial de la Librairie Droz à Genève : www.droz.org

En cas de non-publication de la communication, la somme versée pour les actes sera intégralement remboursée aux personnes concernées.

Consignes éditoriales

Les consignes éditoriales sont celles de la Revue de théologie et de philosophie, Leur mise en œuvre est recommandée déjà pour la présentation des résumés :
www.rthph.ch/wp-content/uploads/2017/12/RThPh-consignes-editoriales.pdf

La longueur des communications publiées est limitée à 8 pages, soit environ 12’000 signes, espaces compris, bibliographie comprise. Un bon à tirer sera soumis aux auteur·s.

« L’acrasie : irrationalité ou immoralité ? » par L. Jaffro et « Acrasie inverse et rationalité diachronique » par M. Betzler

Sur l’acrasie – deux conférences du 18 mars 2023 par M. Betzler et L. Jaffro

I. Laurent Jaffro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « L’acrasie : irrationalité ou immoralité ? »

Dans le débat sur l’acrasie, on entend par « jugement du meilleur », ou « meilleur jugement », un jugement personnel selon lequel, tout bien considéré, il est meilleur d’agir ainsi qu’autrement. Comment est-il possible qu’une personne agisse intentionnellement contre son meilleur jugement alors qu’elle croit être libre de le suivre et que rien ne l’en empêche ? Tel est le problème théorique de l’acrasie, dans la formulation que Donald Davidson a fixée. Il existe aussi un problème pratique de l’acrasie, celui de ses remèdes : comment éviter d’agir contre son meilleur jugement, en particulier si on est chroniquement disposé à agir ainsi ? Je considère seulement le problème théorique.

Dès les premières formulations de Platon dans le Protagoras, avant qu’Aristote ne lui donne son nom, il est clair que l’acrasie constitue un problème de rationalité pratique. Le « meilleur que… » est un « apparemment meilleur que… » et n’a pas de sens spécialement moral. Davidson, qui veillait à en donner les exemples les plus triviaux et les moins moraux possible, s’intéressait à la question parce qu’elle est un défi pour une théorie de la rationalité subjective : une telle conduite est irrationnelle dans la mesure où elle s’écarte du jugement tout bien considéré de l’agent. Cette irrationalité met à mal des principes qui sont inégalement partagés par les philosophes : la théorie causale de l’action, qui implique, comme le dit Davidson, que les raisons les plus fortes sont aussi les causes les plus fortes ; ou le principe, plus consensuel, selon lequel on désire et on agit sub specie boni, ici sous l’apparence du meilleur.

Pourtant, la tentation est forte de moraliser le problème de l’acrasie, de trois manières. D’abord, des principes moraux de l’agent peuvent être trahis dans son action. Ensuite, il semble assez naturel de penser que l’acrasie est particulièrement fâcheuse lorsque l’action acratique est moralement blâmable, de la même façon que la procrastination est d’autant plus préoccupante que l’action différée est importante. Enfin, une disposition chronique à agir contre son meilleur jugement pointe dans la direction d’un manque de contrôle de soi qui ressemble à un vice.

Je discute ces trois manières de moraliser le problème théorique de l’acrasie et conduis une enquête sceptique sur les conditions de possibilité d’une immoralité interne à l’acrasie.

II. Monika Betzler (Ludwig-Maximilians-Universität, Munich) : « Acrasie inverse et rationalité diachronique »

On emploie l’expression « acrasie inverse » pour décrire certains cas où un agent agit à l’encontre de son « meilleur jugement » en raison d’une émotion. Cette acrasie est dite inverse du fait qu’agir selon cette émotion semble être en fin de compte ce qu’il fallait faire, ce qu’il y avait de plus raisonnable ou de plus rationnel à faire. Cependant, parce que l’agent a agi contre son meilleur jugement tout en continuant d’y adhérer, son action reste bel et bien acratique.

Les cas d’acrasie inverse représentent un défi philosophique : comment peut-il être juste, raisonnable ou rationnel d’agir d’une façon qui va à l’encontre de son meilleur jugement, et que l’agent lui-même considère comme mauvaise ou erronée au moment d’agir ? Ou bien, pour le dire autrement, comment cela pourrait-il ne pas être raisonnable, rationnel ou juste, alors que l’action que l’agent a accomplie en raison de son émotion semble effectivement être la meilleure conduite qu’il pouvait adopter ?

Pour illustrer ce cas de figure, je reprends l’exemple d’Huckleberry Finn, le personnage de Mark Twain, qui écoute son cœur malgré son meilleur jugement : il ne livre pas aux autorités l’esclave en fuite qu’est son compagnon Jim.

Tout d’abord, je précise les conditions à remplir pour qu’on puisse considérer qu’une action suscitée par une émotion contrevenant à notre jugement est à la fois acratique et rationnelle : (i) l’action menée doit être intentionnelle ; et (ii) l’émotion en question, qui conduit à l’action, doit être suffisamment liée à l’agent pour que l’action ne se présente pas comme un cas de chance rationnelle.

Je montre ensuite que ni la conception standard, selon laquelle l’acrasie est un paradigme d’irrationalité, ni certaines propositions récentes, qui tentent de décrire les cas d’acrasie inverse comme rationnels, ne satisfont pleinement ces conditions.

Ce qu’il est rationnel de faire dans les situations où nous éprouvons des émotions contraires à notre jugement, c’est de réexaminer ce jugement, puis de le réviser ou de le réaffirmer à la lumière de nos émotions. Il s’ensuit que les cas d’acrasie inverse en tant que tels ne peuvent être qualifiés de rationnels. En revanche, de tels cas soulignent que lorsque nous éprouvons des émotions contraires à notre jugement, nous avons des raisons de réexaminer notre meilleur jugement afin de maintenir l’« enkrasia » sur la durée. Même si les cas d’acrasie inverse sont irrationnels sur le plan synchronique, ils nous enseignent à rester rationnels sur le plan diachronique.

 

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Actes du 38e Congrès ASPLF – La participation

La publication des Actes du 38e Congrès de l’Association des Sociétés de Philosophie de Langue Française sur La participation. De l’ontologie aux réseaux sociaux (mai-juin 2021) devrait intervenir dans le courant de l’année 2023.
La librairie Vrin publiera, dans le cadre d’une collection de l’Association des Sociétés de Philosophie de Langue Française, un livre numérique à la présentation soignée, référencé et accessible en ligne.
Les intervenants sont priés d’adresser leur contribution, mise en conformité avec la charte éditoriale des éditions Vrin, à Madame Anne Baudart, vice-présidente de la Société française de philosophie: anne.baudart<at>orange.fr, avant le 15 janvier prochain. Un comité éditorial constitué sous sa présidence se chargera de sa relecture.

Communiqué du 2 juin 2021 sur les bibliothèques

Le 11 mai 2021, dans un entretien avec une agence de presse, la direction du GIS Collex-Persée a annoncé la fin des bibliothèques délégataires et leur remplacement par des programmes nationaux. Cela signifie la fin des dotations récurrentes, fléchées par discipline, qui ont permis à une dizaine de bibliothèques délégataires, parmi lesquelles des institutions comme Cujas (droit et sciences juridiques) ou la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (histoire, sciences de l’antiquité, géographie, philosophie), de maintenir des politiques d’acquisition et de se hisser au plus haut niveau international. Le choix fait désormais de privilégier de grands programmes nationaux orientés vers le seul traitement des collections sonne le glas d’une organisation qui permettait à des bibliothèques de référence, avec l’aide du prêt entre bibliothèques, de servir sur tout le territoire national des communautés scientifiques de chercheurs, d’enseignants et de doctorants. Ce ne sont pas seulement les acquisitions d’ouvrages « papier » et numériques – en particulier des nouveautés dans les monographies étrangères que les chercheurs ne sauraient trouver à la BnF – et d’autres actions qui vont gravement pâtir de cette réorganisation (pour une bibliothèque comme Cujas, la baisse de crédits annuels sera d’environ 170 000 €) ; c’est aussi l’idée même de besoins de documentation par discipline académique qui est attaquée. Rien ne dit, en effet, que les futurs programmes nationaux soient fléchés par discipline. Les établissements susceptibles de se saisir d’une mission nationale au service de tel ou tel secteur disciplinaire sont précisément ceux que l’on entend priver d’une ressource décisive. En outre, on doit s’interroger sur la crédibilité du report, suggéré par le GIS, sur les seules universités de rattachement de ces bibliothèques, du financement de l’ensemble de la politique d’acquisition, alors même que leurs budgets sont notoirement contraints et que les bibliothèques délégataires assument des missions nationales.

38e Congrès ASPLF 2021

Le 38e Congrès de l’ASPLF sur le thème de « La participation » aurait dû avoir lieu en 2020. Il a été reporté en 2021 en raison de la situation sanitaire (voir le communiqué du 8 avril 2020).

1° Congrès en ligne

La première partie s’est déroulée en ligne, sur plusieurs semaines, du jeudi 6 mai 2021 au jeudi 17 juin. Elle a réuni, selon un programme défini, les communications présentées dans les diverses sections du Congrès (Ontologie ; Logique et langage ; Art, culture, éducation ; Politique, société, communication ; Travail, technologie, industrie).

2° Journées de Paris 25-26 juin

La deuxième partie, « présentielle », a eu lieu à Paris, avec retransmission numérique et possibilité d’interventions à distance, les vendredi 25 juin (Sorbonne, amphithéâtre Oury) et samedi 26 juin (Institut de France, auditorium). Elle a réuni, sur quatre demi-journées, les conférences et tables rondes plénières. 

Congrès ASPLF Journées de Paris télécharger le programme détaillé

La publication des Actes du 38e Congrès devrait intervenir dans le courant de l’année 2023.

La librairie Vrin publiera, dans le cadre d’une collection de l’Association des Sociétés de Philosophie de Langue Française, un livre numérique à la présentation soignée, référencé et accessible en ligne.
Les intervenants sont priés d’adresser leur contribution, mise en conformité avec la charte éditoriale des éditions Vrin, à Madame Anne Baudart, vice-présidente de la Société française de philosophie: anne.baudart<at>orange.fr, avant le 15 janvier 2023. Un comité éditorial constitué sous sa présidence se chargera de sa relecture.

Programme des séances 2020-2021

Ce programme est susceptible de modifications et d’additions.

Séances régulières de la Société. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 12 place du Panthéon, 75005 Paris, salle 6 (esc. M, 2er étage) ou si nécessaire en visioconférence.

  • Samedi 3 octobre 2020, 16 h – 18 h, Bruno Karsenti (EHESS) : Religion, politique et idéologie. Un regard de philosophie des sciences sociales
  • Samedi 14 novembre, 14 h – 18 h. Séance reportée à une date ultérieure.
    Hommage à Pierre Aubenque. Avec la participation de Frédérique Ildefonse (CNRS), David Lefebvre (Sorbonne Université), Michel Narcy (CNRS).
    Nouvelles recherches sur les commentateurs anciens d’Aristote. Avec la participation de Cristina Cerami (CNRS), Alain Petit (Univ. Clermont-Auvergne), Marwan Rashed (Sorbonne Université).
  • Samedi 16 janvier 2021, 16 h – 18 h, Carole Talon-Hugon (Univ. Paris-Est Créteil) : Portrait de l’artiste en chercheur.
  • Samedi 20 mars, 16 h – 18 h, Jocelyn Benoist (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : D’un sensible l’autre. Sur la signification métaphysique des sensibles. Voir l’agenda.
  • Samedi 22 mai, 16 h – 18 h, Souleymane Bachir Diagne (Columbia) : De l’universalisme.

 

Séances de l’Atelier « L’art et les beaux-arts » animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

3 séances le samedi de 10h à 12h30 à l’ENS, 45 rue d’Ulm, Paris ou si nécessaire en visioconférence.

  • Séance reportée au 20 mars 2021. Samedi 14 novembre 2020, salle Cavaillès, Guillaume Pigeard de Gurbert, Professeur de Première supérieure au lycée Gay-Lussac de Limoges : La condition esthétique de la philosophie.
  • Samedi 16 janvier 2021, en visioconférence, Jean-Marie Frey, Professeur en Lettres supérieures au lycée Henri Bergson  d’Angers : Peut-on penser l’art sans le beau ?
  • Samedi 22 mai 2021, salle Beckett, Sophie Astier-Vezon, Docteure en philosophie, Professeure en classe préparatoire aux grandes écoles au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand : Du rôle esthétique de l’analogon dans l’art moderne selon Sartre.

Renseignements pratiques, arguments et documents sur le site des Ateliers.

 

n°2019 113 2Le monde sans nous. Réflexions sur le réalisme des Modernes

Séance du 16 mars 2019
Exposé : Philippe Hamou
Discussion : Bernard Bourgeois, Geneviève Brykman, Philippe Casadebaig, Alain Chauve, Laurent Jaffro, Denis Kambouchner, Florian Laguens, Michel Malherbe, Jean-Michel Salanskis, Joël Wilfert.
Voir le résumé et photo à la rubrique Conférences.
Edité par Vrin.

Hommage à Christiane Menasseyre du 16 novembre 2019

Le 16 novembre 2019, la séance de la Société a été ouverte par un bref hommage à Christiane Menasseyre.

Présentation par Denis Kambouchner

Christiane Menasseyre est décédée le 29 juillet dernier d’un malaise cardiaque. Inspectrice générale honoraire de philosophie, doyenne honoraire du groupe de philosophie, elle avait assuré durant de longues années le secrétariat général de la Société française de philosophie, particulièrement auprès de notre président d’honneur Bernard Bourgeois. Lourde tâche dont elle s’acquittait avec le très grand soin qu’elle apportait à toutes choses, nonobstant par ailleurs de très importantes responsabilités institutionnelles. Nous la revoyons tous ici même il y a quelques mois, irréductiblement fidèle et présente malgré les grandes épreuves familiales et les soucis de santé qu’elle avait traversés. Nous saluons parmi nous sa fille Anne-Sophie, elle-même professeur de philosophie.

Comme professeur de classes terminales puis de classes préparatoires, puis comme inspectrice générale, Christiane Menasseyre a formé, conseillé, encouragé, secouru lorsqu’il en était besoin, des générations de professeurs. Au sein de notre société, elle représentait et assumait l’une de ses plus importantes missions, celle d’assurer le lien trop souvent distendu entre les divers corps enseignants de philosophie – professeurs de lycée, de classes préparatoires, enseignants-chercheurs en poste à l’université.

Personnalité exceptionnelle, par son autorité naturelle doublée d’une très grande sollicitude, par sa culture qui n’était pas que classique, par cette passion de la raison qu’exprimaient son action comme sa parole, Christiane Menasseyre n’était pas seulement une figure au sein de ce que nous pouvons appeler l’institution philosophique française : elle incarnait cette institution.

Pour parler d’elle, je donne la parole à Catherine Kintzler, puis à Jacques Doly.

Interventions téléchargeables :

Catherine Kintzler, À la mémoire de Christiane Menasseyre.

Jacques Doly, Hommage à Christiane Menasseyre.

 

 

Sur le projet de réforme du CAPES (déc. 2019)

Communiqué sur le projet de réforme du CAPES
6 décembre 2019

Le Bureau de la Société Française de Philosophie a pris connaissance avec inquiétude et consternation du projet de réforme du CAPES actuellement prévue pour la session 2022.

Ce projet articule étroitement les épreuves du CAPES à un master MEEF(1) rénové, dont la structure n’est pas actuellement précisée. La vérification des compétences académiques (disciplinaires) ne ferait plus l’objet que d’une épreuve écrite sur deux, et, pour partie, d’une épreuve orale sur deux. La seconde épreuve écrite serait consacrée à la présentation d’une séquence d’enseignement, la seconde épreuve orale à un entretien à caractère professionnel fortement axé sur la déontologie.

Ce dispositif appelle plusieurs remarques :

1. La maîtrise réelle des savoirs à enseigner est destinée à demeurer la condition première de tout enseignement efficace. Sa vérification exige des épreuves diversifiées, faisant suite à une préparation longue et intensive. Diminuer nettement le poids des épreuves relatives à ces savoirs dans le dispositif de recrutement reviendrait à compromettre l’investissement des candidats dans la préparation correspondante, ce qui ne pourrait manquer de retentir sur la qualité des enseignements.

2. En philosophie comme dans d’autres disciplines, de nombreux étudiants se présentent au CAPES sur la base d’un master préparé dans les départements universitaires. Or, ces épreuves à caractère professionnel n’auront de sens que pour des candidats ayant suivi la formation théorique et pratique dispensée dans le cadre des INSPÉ. Les candidatures au CAPES ne pouvant légalement être subordonnées à l’inscription dans un master MEEF, le dispositif proposé apparaît inadapté.

3. L’épreuve écrite à caractère professionnel est présentée de manière particulièrement navrante, comme exercice de sélection et de commentaire de ressources disponibles en ligne. Toute activité pédagogique est ainsi implicitement ramenée à « l’exploitation » de telles ressources, au mépris de ce qui constitue l’essentiel des tâches formatrices dans des matières telles que les mathématiques, les lettres ou la philosophie, comme dans nombre d’arts et techniques. La maîtrise par les professeurs de leur propre enseignement, en philosophie (où les nouveaux programmes rappellent qu’ils sont « les auteurs de leurs cours ») comme ailleurs, est directement incompatible avec cette évolution.

À l’évidence, la formation initiale et les dispositifs de recrutement et d’accompagnement des futurs professeurs du second degré sont à perfectionner. L’attractivité du métier d’enseignant doit être renforcée. Des remèdes doivent être trouvés à la crise du recrutement, très aiguë dans certaines matières. En l’état, le dispositif proposé n’apportera aucune réelle amélioration. Il apparaît plutôt de nature à préparer, sous couvert de professionnalisation de la fonction enseignante, sa déqualification généralisée.

La Société française de philosophie demande que ce dispositif soit profondément revu et que soit organisée sur l’ensemble de ces questions une discussion réellement ouverte.

1 – MEEF : métiers de l’éducation, de l’enseignement et de la formation.

Télécharger le communiqué en pdf.

« Quelle place pour les données dans le raisonnement scientifique ? » (par Anouk Barberousse)

Conférence du 16 novembre 2019 par Anouk  Barberousse, professeur de philosophie des sciences à Sorbonne Université (Paris)

« Quelle place pour les données dans le raisonnement scientifique ? »

Anouk Barberousse

Les théories philosophiques du raisonnement scientifique mettent traditionnellement l’accent sur le rapport de confirmation entre données et hypothèses. Ce faisant, elles assimilent volontiers les données à des énoncés, de sorte à pouvoir statuer sur leurs rapports logiques ou probabilistes aux hypothèses. Une telle assimilation ne rend justice ni à la diversité des données prises en considération aujourd’hui dans les sciences, ni aux modalités de leur traitement informatique.

Le but de l’exposé est de prendre au sérieux la nature des données scientifiques contemporaines et d’étudier quelles transformations elles font subir au raisonnement scientifique. Que peut-on appeler « raisonner » lorsque les corpus de données sont non seulement numériques, mais gigantesques ? Quand les données s’accompagnent de mesures d’incertitude ? Quand elles proviennent de simulations numériques et non d’interactions physiques avec un instrument de détection ou de mesure ? L’avalanche actuelle des données semble rendre caduques les formes traditionnelles de raisonnement scientifique ; pourtant c’est bien à partir des données que sont établis les faits que l’on peut chercher à expliquer par des hypothèses et des théories. Le chemin des données aux hypothèses est plus long que le supposent les approches classiques du raisonnement scientifique ; il faut évaluer leur crédibilité, les incertitudes qui leur sont associées ; il faut parfois les compléter à l’aide de modèles des phénomènes étudiés. Les modèles sont introduits non seulement dans les raisonnements qui vont des données aux hypothèses, mais également dans ceux qui permettent de rendre les données scientifiquement acceptables. C’est dans le dialogue entre données et modèles que se construisent aujourd’hui les raisonnements scientifiques, à l’aide des ordinateurs. Cela ne signifie cependant pas que le contrôle intellectuel exercé par l’esprit humain soit devenu superflu.

Bulletin n° 2019 113 4.

Programme des conférences 2019-2020

Programme des conférences régulières 2019-2020

16 novembre 2019 : Anouk Barberousse (Sorbonne université) « Quelle place pour les données dans le raisonnement scientifique ?« 

18 janvier 2020 : Robert Pasnau (Univ. du Colorado) « Avant l’épistémologie. La quête prémoderne du savoir parfait« 

21 mars 2020 : Bruno Karsenti (EHESS) « Religion, politique et idéologie. Un regard de philosophie des sciences sociales »

23 mai 2020 : Souleymane Bachir Diagne (Columbia) « De l’universalisme »

« Matérialisme et métaphysique : Diderot, Maupertuis, Dom Deschamps » (par Annie Ibrahim)

Conférence du 25 mai 2019 par Annie Ibrahim, professeur honoraire de Première supérieure (khâgne), ancienne directrice de programme au Collège international de Philosophie.

Annie Ibrahim

Nombreux sont les matérialismes qui ne se sont pas tournés vers la métaphysique pour y chercher leur principe ou leur fondement. Bien plus, ils l’ont rejetée, considérant qu’elle n’allait pas sans l’aveu d’un dualisme entre matériel et spirituel, d’une puissance créatrice transcendante et d’une croyance en la finalité de l’ordre.

Si l’on peut reprocher aux métaphysiciens d’avoir réduit l’affirmation de l’existence de la matière et de sa puissance de production à un physicalisme, les matérialistes, eux, ont assimilé leur réprobation de la métaphysique à un refus de l’onto-théologie.

Faut-il dès lors redéfinir et le matérialisme et la métaphysique pour saisir le gain théorique et pratique effectué par un régime de pensée qui construit leur improbable association ? En un lieu et en un temps circonscrits par le Siècle des Lumières françaises, des philosophes acquis au matérialisme sont des témoins privilégiés de cette tentative. Diderot la revendique dès l’article « Métaphysique » de l’Encyclopédie : 

« C’est la science des raisons des choses. Tout a sa métaphysique et sa pratique ; la pratique, sans la raison de la pratique, et la raison sans l’exercice ne forment qu’une science imparfaite. Interrogez un peintre, un poète, un musicien, un géomètre, et vous le forcerez à rendre compte de ses opérations, c’est-à-dire à en venir à la métaphysique de son art. […] Il n’y a guère que ceux qui n’ont pas assez de pénétration qui en disent du mal ». Cela à condition d’une redéfinition qui renie la « science méprisable » des abstractions vides et décide de la considérer sous « son vrai point de vue ».

Des Pensées philosophiques (1746) à l’Histoire des Deux Indes (1780) se développent une théorie de la genèse et de l’organisation du vivant, une morale et une politique matérialistes tributaires de l’hypothèse métaphysique de la sensibilité universelle de la matière.

Autour de son dialogue avec Diderot, Maupertuis, de la Vénus physique (1745) à l’Essai de philosophie morale (1751) et l’Essai sur la formation des corps organisés (1754), dessine dans les marges de l’Histoire Naturelle de Buffon un absolu continuisme et un vitalisme organiciste qui confinent à un antispécisme.

Dans l’éloge modéré qu’il fait de ce même Maupertuis, le considérant comme une « demi-lumière », Dom Deschamps, des Lettres sur l’esprit du siècle (1769) au Vrai système ou le Mot de l’énigme métaphysique et morale (1770), indique qu’ « il faut entièrement nettoyer la place » et revendique une métaphysique de la désappropriation radicale, tant au plan des êtres naturels que de l’état social.

Gain théorique et pratique : pour en rendre raison, je réfléchirai à l’efficace d’une intervention de la métaphysique dans le matérialisme, relativement à deux hypothèses : celle de Diderot et Maupertuis — un anti-finalisme athée radical, une matière toujours déjà vivante, sensible et percevante — et celle de Dom Deschamps — le Tout sans rapport ou l’Un ou le Rien et un communisme naturaliste — sur le fond d’une « dialectique » entre le possible, le nécessaire et l’aléatoire.

Comme on sait, l’esprit des Lumières s’accomplit dans une pensée critique ; critique des préjugés, des superstitions, des religions, de l’autorité des pouvoirs, de l’inégalité… Cependant, la critique et la crise ont en partage une commune étymologie. Il faudra comprendre comment et pourquoi l’association du matérialisme et de la métaphysique suscite l’idée d’une crise de la critique et encourage aux plans épistémologique, moral et politique la substitution d’une pensée de la crise à celle de la critique.

Bulletin n° 2019 113 3.

38e Congrès de l’ASPLF 2020 organisé par la Société française de philosophie

Ainsi qu’une Lettre d’info l’a annoncé à nos adhérents début novembre 2018, l’assemblée générale de l’ASPLF (Association des Sociétés de philosophie de langue française), lors de son Assemblée générale tenue à Rio de Janeiro en mars 2018, a désigné la Société française de philosophie pour organiser son prochain Congrès bisannuel.

Le Congrès aura lieu du 25 au 29 août 2020 à Paris (EHESS) sur le thème « La participation. De l’ontologie aux réseaux sociaux ».

Le site internet spécialement dédié au Congrès avec les renseignements, appels à communications et inscriptions est ouvert.

Télécharger la notice n°1 en pdf

 

« Le monde sans nous. Réflexions sur le réalisme des modernes » (par Philippe Hamou)

Conférence du 16 mars 2019 par Philippe Hamou, professeur à l’Université Paris Nanterre : « Le monde sans nous. Réflexions sur le réalisme des modernes »

« Je pense donc que ces saveurs, odeurs, couleurs, etc., […] ne sont que de purs noms et n’ont leur siège que dans le corps sensitif, de sorte qu’une fois le vivant supprimé, toutes ces qualités sont détruites et annihilées » (Galilée, L’Essayeur)

« il y a continuellement dans notre esprit certaines images ou conceptions des choses hors de nous, à tel point que si un homme était vivant et que tout le reste du monde fût anéanti, il n’en conserverait pas moins l’image, et l’image de toutes les choses qu’il avait vues et perçues auparavant en lui » (Hobbes, Eléments de la Loi Naturelle, I.8, p. 2)

 

Philippe Hamou

Deux expériences de pensée « annihilatoires » réciproques tissent pour les modernes les rapports d’exclusion mutuelle de la perception et du monde. La première, illustrée dans la fameuse hypothèse qui ouvre le De Corpore de Thomas Hobbes, suppose le soudain anéantissement du monde matériel, et sert à manifester l’indépendance logique de l’ordre des représentations mentales, l’ordre du monde en tant que monde pensé. L’autre, sans cesse reprise au XVIIe siècle, depuis Galilée jusqu’à Locke, spécule sur la suppression des êtres sensitifs et perceptifs afin de donner corps à l’intuition d’un monde matériel « en soi », dépouillé du vêtement de qualités sensibles, ou « secondes », que lui imposent nos perceptions. Ces deux expériences, ou ces deux fables, sont étroitement nouées dans la pensée des modernes, ou dans ce qu’on pourrait appeler leur « imaginaire métaphysique ». Elles affirment en substance que nous pouvons abstraire notre représentation des choses hors de nous, et, réciproquement, que nous pouvons abstraire les choses hors de nous de notre représentation. Contestée par Berkeley dans les Principes de la Connaissance Humaine, cette double inférence n’en définit pas moins une postulation commune pour beaucoup d’auteurs de l’âge classique. De Galilée à Descartes, Hobbes et Mersenne, de Boyle et Newton à Locke, et Addison, elle a reçu des expressions multiples, parfois discordantes dans leurs intentions mais qui, malgré cette diversité, définissent un schème de pensée « réaliste » commun très caractéristique de la science et de la philosophie des premiers temps modernes. Notre propos ici sera de restituer la signification et l’importance de ce schème de pensée, en tentant notamment de le soustraire au prisme kantien qui a longtemps dominé nos lectures de l’événement métaphysique que fut l’invention de la science moderne.

Bulletin publié 2019 113 2.

Didier Deleule

Notre ami Didier Deleule, président de la Société française de philosophie de 2009 à 2018, nous a quittés le 6 février 2019. Un hommage lui sera rendu lors de la séance du 25 mai 2019 et la Société organisera ultérieurement une séance consacrée à son œuvre. Les textes seront publiés.

Lire la biographie de Didier Deleule par Emmanuel Picavet.