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Une section francophone au Congrès de la Société allemande de philosophie

Communication du président de la Société allemande de philosophie

Mesdames et Messieurs, chères et chers collègues,

Le Congrès allemand de philosophie est l’une des plus grandes et des plus importantes manifestations philosophiques d’Allemagne et d’Europe. Son thème principal reflète les débats actuels de la philosophie en Europe et au-delà.

Sous le thème principal #digital|penser, le XXVIe Congrès allemand de philosophie aura lieu du 22 au 26 septembre 2024 à Münster (Allemagne). Le congrès invite à réfléchir aux défis auxquels la philosophie est confrontée du fait de la transformation numérique ainsi que de l’utilisation et de la diffusion de l’intelligence artificielle.

Les candidatures pour une présentation dans l’une des 40 sections du congrès sont ouvertes dès maintenant : l’appel à communications est ouvert dès maintenant. La date limite d’envoi des candidatures, qui consistent en un exposé de la communication prévue de 4000 signes maximum (notes de bas de page et espaces compris) et un très bref résumé (300 signes maximum), est fixée au 30 avril 2024. Il est également déjà possible de s’inscrire au congrès. Jusqu’au 30 avril 2024, le tarif le plus avantageux sera appliqué. Le programme du congrès sera publié le 15 mai 2024 et complété fin juin 2024 par les titres et les conférenciers des contributions sélectionnées pour les sections.

Pour la première fois dans un congrès de philosophie allemand, il y aura une section spécifique pour la « philosophie française », pour laquelle les contributions – qui ne doivent pas nécessairement se rapporter au thème principal du congrès – peuvent être soumises exclusivement en français, puisque les discussions dans cette section auront lieu en français. Jusqu’à 16 contributions peuvent être acceptées pour cette section. L’exposé et le résumé nécessaires à la candidature doivent être rédigés en français pour la section « Philosophie française ». Pour les autres sections du congrès, les candidatures peuvent être rédigées en allemand ou en anglais.

Le congrès offre également aux personnes intéressées de France, de Belgique et de Suisse romande un programme passionnant, dont un panel spécial de la Société allemande de philosophie française.

Nous vous serions donc très reconnaissants d’attirer l’attention de tous les chercheurs et étudiants susceptibles d’être intéressés sur le XXVIe Congrès allemand de philosophie. Vous trouverez de plus amples informations ici : https://www.uni-muenster.de/DKPhil2024/kongress/cfp.html

Avec nos meilleures salutations

Reinold Schmücker

Président de la Société allemande de philosophie

Décès de Bernard Bourgeois

La Société française de philosophie a la grande tristesse de faire part du décès de son ancien président, le professeur Bernard Bourgeois, de l’Académie des sciences morales et politiques, survenu le 26 mars 2024, à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.
Les grands travaux de Bernard Bourgeois sur l’œuvre de Hegel et la philosophie allemande du XIXe siècle sont connus de tous. Ses responsabilités successives, son engagement au service de la philosophie et des institutions d’enseignement ont également contribué à faire de lui une grande figure de la vie académique française.
Un colloque d’hommage sera organisé à l’automne de la présente année.

« Dans les traces de Husserl : la phénoménologie face aux idéalités », par Dominique Pradelle (répondant : Bruno Leclercq).

« Dans les traces de Husserl : la phénoménologie face aux idéalités »

conférence par Dominique Pradelle (Faculté des Lettres, Sorbonne Université)

répondant : Bruno Leclerq (Université de Liège)

Samedi 16 mars 2024

Les objets idéaux dont traitent les mathématiques semblent doués d’une validité omnitemporelle (pour tout temps possible) et omnisubjective (pour quiconque). Et pourtant, loin d’être accessibles de toute éternité à tout sujet pensant, ils font leur apparition à une époque déterminée de l’histoire : 0, 1 et les nombres négatifs n’étaient pas des nombres pour les Grecs anciens, le continu arithmétique n’avait pas d’existence avant Dedekind, tout en étant préfiguré par la théorie euclidienne des grandeurs et exigé par le calcul infinitésimal. Comment concilier ces deux constats de départ ? Faut-il privilégier le premier et admettre la thèse réaliste forte selon laquelle les idéalités mathématiques jouissent d’un être en soi, indépendant de tout sujet pensant comme de tout temporalité ? Ou privilégier le second et admettre la thèse idéaliste selon laquelle elles sont au contraire engendrées par les actes de pensée d’un sujet pensant ? Ce dernier doit-il être alors conçu comme étant situé dans l’histoire, ou bien comme surplombant les diverses époques en une sorte d’ubiquité transhistorique ?
Nous tenterons de déployer ce problème et d’élaborer une réponse cohérente en mettant à profit les ressources de la conceptualité husserlienne, tout en mettant à l’épreuve ses thèses fondamentales. Nous partirons donc du concept de constitution transcendantale pour l’appliquer aux objets mathématiques et soumettre à l’examen la thèse de l’idéalisme transcendantal. Les objets mathématiques jouissent-ils d’une valeur paradigmatique et ont-ils le statut d’objets exemplaires en phénoménologie transcendantale ? Ensuite, quel est leur statut ontologique : s’agit-il d’objets transparents au regard et épuisés par leur définition, ou ont-ils, comme les choses extérieures, une structure d’horizon – et de quel type ? Enfin, la méthode d’analyse des strates de sens permet-elle de trancher nettement entre idéalisme et réalisme, ou doit-elle faire place à un éventail pluriel de thèses ontologiques ?

« Anthropologie et philosophie : comment symétriser des ontologies ? » par P. Descola (répondant B. Karsenti)

« Anthropologie et philosophie : comment symétriser des ontologies ? »

conférence du 21 janvier 2023 par Philippe Descola (Collège de France)

Répondant : Bruno Karsenti (EHESS)

 

Plus que dans d’autres traditions nationales, l’anthropologie française s’est développée dans le sillage de la philosophie, non pas de façon ancillaire, mais comme une tentative de prendre en charge des problèmes que la philosophie a longtemps ignorés ou dédaignés. Les anthropologues français et européens se sont engagés dans cette voie depuis un peu plus d’un siècle en s’efforçant de symétriser des modes de pensée et des constructions intellectuelles radicalement étrangères à la philosophie occidentale avec les problèmes et les entités caractéristiques de sa métaphysique.
Trois démarches ont principalement été employées pour ce faire : la généralisation de la valeur opératoire d’un concept local (mana, tabou…) dès lors invité à rejoindre l’outillage intellectuel du patrimoine philosophique ; la systématisation d’une pensée autochtone promue, implicitement ou explicitement, en contre-modèle de la philosophie européenne ; enfin l’intégration d’une grande diversité de formes de pensée locales – dont la métaphysique occidentale – au sein d’une combinatoire structurale où elles sont traitées comme des variantes les unes des autres.
Si aucun de ces efforts de symétrisation n’est pleinement satisfaisant pour des raisons que l’on examinera, chacun d’entre eux implique des types de bifurcation différents à partir des circonstances ethnographiques, toujours particulières, vers des formes de généralisation anthropologique, bifurcations qui font appel à des ressources conceptuelles caractéristiques de l’exercice philosophique : l’induction et la déduction. La dernière partie de la conférence sera consacrée à l’examen de l’usage de ces deux méthodes dans l’anthropologie contemporaine et à une explicitation de la manière dont nous avons déployé la combinaison entre induction et déduction dans le modèle transformationnel proposé dans Par-delà nature et culture (2005).

« Amitié et psychagogie: les formes de la philia dans le Phèdre de Platon » par Dimitri El Murr (répondante Létitia Mouze)

« Amitié et psychagogie: les formes de la philia dans le Phèdre de Platon »
par Dimitri El Murr (professeur à l’École normale supérieure).
Répondante : Létitia Mouze (Université Toulouse Jean-Jaurès).

Conférence du samedi 19 novembre 2022

Il est à première vue paradoxal de s’interroger sur la fonction et les formes de l’amitié (philia) dans le Phèdre, dialogue tout entier consacré à l’amour (érōs). Je suggère pourtant que le Phèdre, davantage même que le Lysis, recèle des enseignements décisifs sur le traitement platonicien de l’amitié et son approche spécifiquement humaine (par opposition à l’approche physico-cosmologique que l’on trouve à l’œuvre, par exemple, dans le Timée). L’un des enseignements à tirer du Phèdre est qu’en dépit du contexte général du dialogue qui pose la question de l’amitié dans le cadre des relations homoérotiques, Platon, non moins qu’Aristote, distingue des formes, ou types, d’amitié et établit entre elles une hiérarchie au regard de l’excellence (aretē).

Pour s’en convaincre, il faut commencer par lire le discours (l’erōtikos) de Lysias (Phdr., 231a-234c) non comme un document sans intérêt philosophique, mais comme le lieu où Platon expose une conception de la philia qu’il rejette avec force et contre laquelle il va opposer un modèle alternatif de relation amicale. Dans le discours de Lysias, la philia est en effet radicalement distinguée de l’erōs : conçue comme une relation contractuelle, elle apparaît comme étant seule à même de promouvoir les intérêts de l’aimé tout en garantissant à l’amant sans amour les gains d’une relation sexuelle apaisée et rationnelle. Le premier discours de Socrate, en réponse à celui de Lysias, montre que ce contrat est un marché de dupe et que la prétention de l’amant sans amour à réaliser le bien de l’aimé est une façade derrière laquelle l’amant cache son désir de satisfaction sexuelle qui fait de l’aimé un instrument de réplétion et non un être aimé pour lui-même. La palinodie inverse ensuite radicalement la perspective et, tout en distinguant à son tour la philia de l’erōs, montre que la première ne peut être envisagée sans le second : ce n’est donc pas la suppression de l’erōs qui rend possible une philia authentique mais sa redirection vers les objets d’amour véritable et sa sublimation au-delà du cycle infini du désir corporel et du manque, cycle qui, pour Platon, caractérise l’appétit.

Ainsi, relire certaines parties du Phèdre à la lumière de la question des formes de l’amitié nous conduira à nuancer considérablement certaines idées bien établies, notamment celle qui voit dans l’éthique platonicienne l’expression d’un « cold-hearted egoism » (pour reprendre l’expression de Gregory Vlastos), faisant d’autrui un simple instrument dans la recherche individuelle du bonheur. Au fond, il s’agit de réévaluer la place de l’amitié dans l’éthique de Platon, en la comparant et non plus en la mesurant à celle éminente que lui octroie l’éthique d’Aristote, mais il s’agit également de nuancer la division des tâches classiquement admise dans l’histoire de l’éthique ancienne, qui fait de Platon un philosophe exclusivement préoccupé par l’erōs et d’Aristote le premier philosophe à avoir inscrit la philia au cœur de notre vie morale.

19 nov. 16h « Amitié et psychagogie: les formes de la philia dans le Phèdre de Platon » conférence par D. El Murr

« Amitié et psychagogie: les formes de la philia dans le Phèdre de Platon »
par Dimitri El Murr (professeur à l’École normale supérieure).

Répondante : Létitia Mouze (Université Toulouse Jean-Jaurès).

Samedi 19 novembre, 16 h, Centre Panthéon, Université Paris I Panthéon-Sorbonne,
12 place du Panthéon, salle 1
retransmission en visioconférence

Il est à première vue paradoxal de s’interroger sur la fonction et les formes de l’amitié (philia) dans le Phèdre, dialogue tout entier consacré à l’amour (érōs). Je suggère pourtant que le Phèdre, davantage même que le Lysis, recèle des enseignements décisifs sur le traitement platonicien de l’amitié et son approche spécifiquement humaine (par opposition à l’approche physico-cosmologique que l’on trouve à l’œuvre, par exemple, dans le Timée). L’un des enseignements à tirer du Phèdre est qu’en dépit du contexte général du dialogue qui pose la question de l’amitié dans le cadre des relations homoérotiques, Platon, non moins qu’Aristote, distingue des formes, ou types, d’amitié et établit entre elles une hiérarchie au regard de l’excellence (aretē).

Pour s’en convaincre, il faut commencer par lire le discours (l’erōtikos) de Lysias (Phdr., 231a-234c) non comme un document sans intérêt philosophique, mais comme le lieu où Platon expose une conception de la philia qu’il rejette avec force et contre laquelle il va opposer un modèle alternatif de relation amicale. Dans le discours de Lysias, la philia est en effet radicalement distinguée de l’erōs : conçue comme une relation contractuelle, elle apparaît comme étant seule à même de promouvoir les intérêts de l’aimé tout en garantissant à l’amant sans amour les gains d’une relation sexuelle apaisée et rationnelle. Le premier discours de Socrate, en réponse à celui de Lysias, montre que ce contrat est un marché de dupe et que la prétention de l’amant sans amour à réaliser le bien de l’aimé est une façade derrière laquelle l’amant cache son désir de satisfaction sexuelle qui fait de l’aimé un instrument de réplétion et non un être aimé pour lui-même. La palinodie inverse ensuite radicalement la perspective et, tout en distinguant à son tour la philia de l’erōs, montre que la première ne peut être envisagée sans le second : ce n’est donc pas la suppression de l’erōs qui rend possible une philia authentique mais sa redirection vers les objets d’amour véritable et sa sublimation au-delà du cycle infini du désir corporel et du manque, cycle qui, pour Platon, caractérise l’appétit.

Ainsi, relire certaines parties du Phèdre à la lumière de la question des formes de l’amitié nous conduira à nuancer considérablement certaines idées bien établies, notamment celle qui voit dans l’éthique platonicienne l’expression d’un « cold-hearted egoism » (pour reprendre l’expression de Gregory Vlastos), faisant d’autrui un simple instrument dans la recherche individuelle du bonheur. Au fond, il s’agit de réévaluer la place de l’amitié dans l’éthique de Platon, en la comparant et non plus en la mesurant à celle éminente que lui octroie l’éthique d’Aristote, mais il s’agit également de nuancer la division des tâches classiquement admise dans l’histoire de l’éthique ancienne, qui fait de Platon un philosophe exclusivement préoccupé par l’erōs et d’Aristote le premier philosophe à avoir inscrit la philia au cœur de notre vie morale.

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Les adhérents de la SFP reçoivent en temps utile une invitation et le lien de connexion à la visioconférence : aucune inscription n’est nécessaire de leur part.

Les non-adhérents peuvent demander à recevoir une invitation ou le lien de connexion pour la visioconférence en remplissant en ligne le formulaire de demande du 8 novembre au 16 novembre. Aucune demande déposée en dehors de ces dates ne recevra de réponse.

n°2021 115 2Spinoza et Descartes : sur la seconde partie des ‘Principia philosophiæ cartesianæ’

Séance du 16 octobre 2021*

Exposé : Frédéric de Buzon
Répondant : André Charrak
Discussion : Igor Agostini, Annie Bitbol, Philippe Casadebaig, Denis Kambouchner.

Voir le résumé et les photos à la rubrique Conférences.
Edité par Vrin.

*Deux séances programmées en 2020 ont été reportées en raison du contexte sanitaire. Afin de ne pas interrompre la continuité du Bulletin, nous avons publié sous les numéros 2020-3 et 2020-4 les deux premières conférences de 2021, puis sous le numéro 2021-1 (janvier- mars) la conférence qui a eu lieu en mai 2021. La présente conférence est publiée sous le numéro 2021-2 (avril-juin) alors qu’elle s’est tenue en octobre.

n°2021 115 1L’universel en langues

Séance du 22 mai 2021*

Exposé : Souleymane Bachir Diagne
Discussion : Bouazza Benachir, Ali Benmakhlouf, Philippe Casadebaig, Laurent Jaffro, Denis Kambouchner, Catherine Kintzler, Jean-Michel Muglioni, Chahrazede Zenati.
Anne Fagot-Largeault : « A la mémoire de Jacques Bouveresse ».

Voir le résumé à la rubrique Conférences.
Edité par Vrin.

* Deux séances programmées en 2020 ont été reportées en raison du contexte sanitaire. Afin de ne pas interrompre la continuité du Bulletin, nous avons publié sous les numéros 2020-3 et 2020-4 les deux premières conférences de 2021. Ce décalage de numérotation se prolongeant sur les Bulletins ultérieurs, nous publions la présente conférence sous le numéro 2021-1 (janvier-mars) alors qu’elle a eu lieu en mai et nous publierons au titre de l’année 2021 la conférence et la discussion de janvier 2022.

Calendrier des séances 2022-2023

  • samedi 19 novembre 2022, Dimitri El Murr (ENS) « Amitié et psychagogie : les formes de la philia dans le Phèdre de Platon ». Conférence par Dimitri El Murr (ENS), répondante : Létitia Mouze (Université Toulouse Jean-Jaurès).
  • samedi 21 janvier 2023,  Philippe Descola (Collège de France) : « Anthropologie et philosophie ». Répondant : Bruno Karsenti (EHESS)
  • samedi 18 mars : « Sur l’acrasie »
    • Laurent Jaffro (Paris 1): « L’acrasie : irrationalité ou immoralité ? »
    • Monika Betzler (Munich): « Acrasie inverse et rationalité diachronique »
  • samedi 13 mai, Catherine Larrère (Paris 1) : « Démocratie et écologie ». Répondant: Rémi Beau (CNRS-Sorbonne Université).

« Retour sur l’universalisme : autour du travail de Francis Wolff »

« Retour sur l’universalisme : autour du travail de Francis Wolff »
demi-journée d’étude du 18 juin 2022

Par l’intitulé « Retour sur l’universalisme : autour du travail de Francis Wolff », la Société française de philosophie inscrit ce moment de réflexion au sein de recherches et de travaux qu’elle a menés ou accueillis récemment1 ; elle entend aussi faire signe vers l’œuvre de Francis Wolff.

« Dire le monde et plaider pour l’universel » : la formule par laquelle F. Wolff résume son programme philosophique2 peut se lire en équivalence : dire le monde, c’est-à-dire plaider pour l’universel. Selon l’auteur, constituer un monde hors de moi et constituer un monde commun procèdent d’un même noyau : la forme prédicative initiale donne sa forme au monde et d’un même geste engage le rapport entre des consciences réflexives.

À partir de « la raison dialogique comme différence anthropologique »3, les grands champs de l’universel – réflexion sur les procédures de la connaissance, quête d’une éthique, construction d’une esthétique – se déploient en un mouvement d’« aspiration à l’achèvement de l’interlocution » nourri par l’histoire de la philosophie, et constituent un humanisme.

La demi-journée d’étude, en présence de Francis Wolff, propose une discussion de quelques-uns de ces thèmes centraux dans son travail. André Comte-Sponville et Alain Policar, auteurs d’ouvrages récents, y sont invités d’honneur.

1 – Notamment le n° 2009/1 de la Revue de métaphysique et de morale et la conférence « L’universel en langues » donnée par S. Bachir Diagne en mai 2021.

2 – Francis Wolff, Le monde à la première personne. Entretiens avec André Comte-Sponville, Paris : Fayard, 2021, p. 368.

3 – Postface à Alain Policar, Le Monde selon Francis Wolff, Paris : Garnier, 2021, p. 119.

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Programme des interventions

  • Denis Kambouchner : Allocution d’ouverture.

  • Catherine Kintzler : Présentation.

 

  • Nassim El Kabli (INSPÉ, Douai) : L’anthropodicée de Francis Wolff : au nom d’un humanisme universel.

  • Élise Marrou (Sorbonne Université ; SFP) : La figure de l’homme, en creux et en plein.

  • Étienne Bimbenet (Bordeaux-Montaigne) : Retour sur le langage prédicatif.

     

  • Anne Baudart (SFP) : Le « problème de Socrate » et les choix de Francis Wolff.

  • Alain Policar (IEP, Cevipof) : Universalisme moral et naturalisme. Les faits moraux en question.

 

  • Répondant : André Comte-Sponville.

  • En présence et avec la participation de Francis Wolff.

« La vieille querelle entre philosophie et poésie » (par Charles Larmore, répondant Vincent Descombes)

« La vieille querelle entre philosophie et poésie »,

conférence du 21 mai 2022 par Charles Larmore (Brown University, Providence, Rhode Island)

répondant : Vincent Descombes (EHESS)

 

Platon, on le sait, a parlé d’une « vieille querelle entre la philosophie et la poésie » (Rép. 607b). En réalité, la Grèce ancienne n’a pas connu, avant Platon, de dispute concernant la supériorité relative de la philosophie et de la poésie. Platon l’a inventée pour légitimer son abandon de la poésie en faveur de ce qu’il appelait « philosophie », et qui serait, à l’instar de la géométrie, une forme de savoir systématique de son objet – en l’occurrence, du rapport fondamental entre l’esprit et le monde. La poésie, par contre, ne s’intéresse aucunement, dit-il, à la vérité des choses mais seulement à l’impression qu’elles font sur nous. La querelle, telle qu’il nous l’a léguée, tourne ainsi autour de l’opposition entre la recherche d’explications des phénomènes et l’inclination à se fier à ses impressions. On va pourtant montrer que la poésie ne se réduit pas à un simple divertissement, mais qu’elle vise, elle aussi, la connaissance, quoique d’une nature bien différente.

Charles Larmore

Parfois, un poème peut nous faire ressentir des vérités que notre propre conception du monde – ou (comme chez Lucrèce) la philosophie du poète lui-même – est incapable de reconnaître. Mais ce n’est pas parce que la poésie s’attache à communiquer des vérités. C’est parce qu’elle cherche plutôt à évoquer des expériences. Car l’évocation d’expériences peut avoir pour effet secondaire, même involontaire, de suggérer des vérités jusque-là insoupçonnées. Il reste pourtant qu’une meilleure philosophie est toujours à même de rectifier l’erreur. Aussi certains poètes philosophes (Hölderlin, Y. Bonnefoy) ont-ils eu tort de croire que la poésie seule, non la philosophie ou d’ailleurs le savoir systématique, est en mesure de nous dévoiler des vérités fondamentales de la condition humaine.

Il existe néanmoins quelque chose que la poésie seule, non la philosophie, peut accomplir. En général, il faut distinguer entre connaissance de vérités et connaissance de choses. Or, le genre de connaissance que vise la poésie, à la différence de la philosophie, est de ce dernier type. C’est justement la connaissance d’expériences, c’est-à-dire de l’effet que cela fait de faire ceci ou d’être cela. Ainsi, la vieille querelle entre philosophie et poésie repose sur un malentendu. Car connaissance de vérités et conn

Vincent Descombes

aissance d’expériences ne sont pas en concurrence. La poésie cherche à exprimer des expériences de manière puissante et mémorable, ce qui ne relève pas de la compétence de la philosophie. Cela explique le souci particulier du langage, de rythme et de tournures, qui est caractéristique de la poésie.

Élections du 19 mars 2022 : CA et bureau

La page Bureau et CA récapitule l’ensemble des bureaux et CA élus depuis 2009.

Bureau élu par le CA en son sein le 19 mars 2022

Président : Denis Kambouchner
1re vice-présidente : Anne Baudart
2e vice-président : Laurent Jaffro
3e vice-président : Christian Berner
Secrétaire générale : Élise Marrou
Trésorière : Cécile Loisel
Chargé des relations internationales : Emmanuel Picavet.

Président d’honneur : Bernard Bourgeois

 

Conseil d’administration élu par l’Assemblée générale le 19 mars 2022

M. Barbaras Renaud, Mme Baudart Anne, M. Berner Christian, Mme Beyssade Michelle, M. Bourgeois Bernard, M. de Buzon Frédéric, M. Campagnolo Gilles, M. Casadebaig Philippe, Mme Castel-Bouchouchi Anissa, M. Chodron de Courcel Martin, M. Doly Jacques, Mme Fuchs Edith, M. Jaffro Laurent, M. Kambouchner Denis, M. Kervégan Jean-François, Mme Kintzler Catherine, Mme Lequan Mai, Mme Loisel Cécile, Mme Marrou Élise, M. Muglioni Jean-Michel, M. Picavet Emmanuel, M. Pradelle Dominique, M. Rizk Hadi, Mme Schwartz Élisabeth, M. Vignoles Patrick.

« L’origine de l’apparaître. Pour une cosmologie phénoménologique » (par Renaud Barbaras, répondant Camille Riquier)

« L’origine de l’apparaître. Pour une cosmologie phénoménologique »

conférence du 19 mars 2022 par Renaud Barbaras, professeur, université Paris-I Sorbonne

Répondant : Camille Riquier, Institut catholique de Paris

A. Baudart, D. Kambouchner, R. Barbaras, C. Riquier

Dès les Ideen I, Husserl pose avec lucidité le problème qui est au cœur de toute démarche phénoménologique : « D’un côté la conscience doit être l’absolu au sein duquel se constitue tout être transcendant et donc finalement le monde psycho-physique dans sa totalité ; et d’autre part la conscience doit être un événement réel (reales) et subordonné à l’intérieur de ce monde. Comment concilier les deux choses ? » (Idées directrices…, p. 178). Formulé ainsi, le problème paraît sans solution : comment la conscience peut-elle être à la fois condition de l’apparaître du monde et chose du monde, constituante et constituée ?

Renaud Barbaras

Plutôt que d’opter pour l’un des termes de l’alternative, un idéalisme transcendantal ou un réalisme empirique, il faut se demander à quelles conditions cette situation est pensable. Il s’agit donc de transformer le problème en solution et d’affirmer que le propre du sujet est à la fois et indistinctement d’appartenir au monde et de le faire paraître, de vivre le monde dans la mesure exacte où il vit en lui, de telle sorte que l’appartenance n’est plus un obstacle à la phénoménalisation mais sa condition même. Mais alors, si l’appartenance du sujet signifie sa parenté ontologique avec le monde, force est de conclure que ce dernier est le sujet véritable de la phénoménalité. Ce n’est pas moi qui fais paraître le monde mais celui-ci qui paraît en moi, qui se phénoménalise à travers moi ; le sujet n’est plus la source mais le simple destinataire de la phénoménalité.

Camille Riquier

En ce point, le problème phénoménologique devient un problème cosmologique puisqu’il requiert de penser l’être du monde de telle sorte qu’il puisse être la source de la phénoménalité, l’origine même de l’apparaître. La question que nous nous proposons de traiter est donc double :

1. À quelles conditions l’insertion du sujet dans le monde est-elle conciliable avec l’apparition de ce monde ?

2. Dès lors, comment penser le monde de telle sorte que sa présence dans l’étant signifie nécessairement sa présence à l’étant ?